28-30 juin 2019

6h de route nous séparent du parc national du Sajama et c’est de nuit que nous effectuons le trajet avec Marcelo, notre guide chauffeur à Uyuni (voir article). Marcelo ayant voulu bien faire les choses, il a lavé la voiture avant notre retour et a malencontreusement sectionné le fusible du chauffage. C’est donc les pieds congelés (ça commence à être une habitude) que nous atteignons le village de Sajama, une étape de notre voyage initialement non prévue. Nous nous sommes laissés convaincre, car Frédéric souhaitant effectuer l’ascension d’un volcan, ce parc national était l’endroit idéal. Cette région tellement reculée et difficile d’accès, peu de touristes s’y aventurent. Il faut dire que le village est assez fantomatique et que le froid qu’il y règne n’encourage pas à s’y attarder. Ni une, ni deux, c’est parfait ce qu’il nous faut. Sur la route du retour, nous croisons un car couché sur la tranche dont les vitres entièrement explosées témoignent de la puissance de l’impact avec le train marchandises encore arrêté. Tous les trois, nous avons de la peine à égayer la suite du trajet. Le lendemain, nous apprendrons qu’il n’y a pas eu de morts. Nous sommes confrontés, de plein fouet, à la dure réalité de la sécurité des transports boliviens et cet incident nous conforte dans notre choix d’avoir pris l’avion entre La Paz et Uyuni.

Premier jour relax dans le parc Sajama. Marcelo nous initie au plaisir de la baignade dans les sources d’eau chaude naturelles du rio Sajama. Les sommets géants du Nevado Sajama (6’542, plus haut du pays), Parinacota (6’348) et Pomerape (6’282), trônent en toile de fond. L’eau est cristalline et nous retrouvons des locaux avec qui Marcelo parle politique et affaires. Ce parc est très sauvage et bon nombre de lamas et alpagas trottent dans les champs. Nous avons même vu quelques autruches locales, qui déguerpissent à fond les manettes lorsqu’on passe à côté.

Le hasard fait bien les choses, nous voyons débarquer, dans ce bled paumé, nos copines Aude et Floriane. On rigole un bon coup et Fred motive Aude afin d’effectuer l’ascension du Parinacota le lendemain. Pas besoin de beaucoup d’effort, elle était déjà décidée. Quant à Floriane et Elodie, leur choix est aussi très clair : rester au chaud (et au lit !). Le Parinacota est ce gros volcan en toile de fond qui fait frontière entre la Bolivie et le Chili.

Parinacota à gauche et Pomerape à droite

On rencontre notre guide Eloy et on planifie le matos qu’il nous manque. Crampons, gants, chaussures de montagne, veste supplémentaire, etc… On ne sait pas trop à quoi s’attendre mais on sait qu’il va faire froid. Notre départ est prévu à 2h30 du matin. Malgré le fait que ce soit le premier vendredi du jazz, on se couche comme les poules à 21h en pensant aux copains qui nocent. On se demande ce qu’on fout ici, surtout qu’Elodie y est déjà passé il y a 7 ans et ne pensait pas y remettre les pieds étant donné l’aspect inhospitalier du bled… Au moins cette fois-ci, il y a un chauffage dans la chambre et elle ne dort pas dans un garage ! Le réveil sonne à 2h, Fred se prépare et il est ultra enthousiaste !

Tout d’abord, 1h de jeep attend Aude et moi avant d’arriver au lieu où commence l’aventure, à 5100m. Nous sommes surpris de croiser un troupeau de lamas et d’alpagas endormis au milieu de nulle part, sur la route. Ils sont au moins 500, couchés les uns sur les autres. Lorsque nous sortons de la voiture, le froid n’est pas autant glacial que ce que l’on pensait étant donné l’absence de vent. A cette heure matinale (4h), nous marchons à la lumière de la frontale et le ciel étoilé domine les lieux avec majesté. La lune est couchée sur le dos et semble nous encourager… Les deux premières heures dans la caillasse de roches volcaniques ne sont pas très éprouvantes. Fred sent tout de même l’altitude et la superposition des nombreuses couches d’habits lui donnent quelques vertiges. Petit à petit, le jour se lève et les premières lueurs du soleil apparaissent derrière le Nevado Sajama rendant le spectacle grandiose. Nous atteignons la neige à environ 5700m et chaussons nos crampons pour les 650 mètres qui nous distancent du sommet. Cette dernière étape est la plus difficile car le vent se lève et les températures chutent au dessous de -15°C. De plus, la glace sur laquelle nous marchons est formée de reliefs importants et irréguliers rendant la montée d’autant plus éprouvante (pénitents de glace). En gros, c’est le bordel et on se les caille tout en ayant la respiration d’un asthmatique en pleine crise !

Pénitents de glace

L’allure est lente et nous hésitons à faire demi-tour car nos pieds et nos mains sont congelés. A ce moment là, le mental prend le relais et nous pousse à continuer ! Eloy choisit un itinéraire qui nous préserve des bourrasques de vent alors que le soleil commence à nous réchauffer (il est 8h30). (Elodie se réveille d’une bonne nuit de sommeil). A cette heure, la pente et le lever de soleil offre une perspective majestueuse à Fred qui marche un peu en retrait d’Eloy et Aude. Un moment marquant.  En raison de l’altitude, la dernière heure avant d’atteindre le sommet s’étend et n’en finit pas. Finalement, nous atteignons le but à 6348m, après 6 heures d’intenses efforts; un sommet surplombant un cratère gigantesque de 200m de profondeur ! Quel bonheur d’avoir relevé ce challenge ! La vue depuis ici est spectaculaire et malheureusement, après 30 minutes, il faut penser à redescendre.

Au sommet, avec Aude et Eloy 😉

C’est encordés qu’on repart contre la vallée. Plus nous descendons et accumulons la fatigue plus notre pas est vacillant. La partie de glace est à nouveau interminable et nous devons rester concentrés pour ne pas tomber. Cette expérience nous a donné l’occasion de tester la force de notre mental et de nous confronter à nous même. La descente apporte un sentiment de lâcher prise et beaucoup d’émotions viennent s’entremêler… Beaucoup de reconnaissance de pouvoir vivre des moments si intenses.

Puis, par la caillasse nous rejoignons finalement la jeep qui nous ramène au village. Nous arrivons bien fatigués et retrouvons Elodie et Floriane qui nous attendent avec impatience.

Ensemble, nous nous rendons aux thermes que Marcelo nous a montrés le jour précédent. Face aux montagnes, nous faisons trempette dans l’eau chaude et nos pieds ne comprennent pas les différences de températures entre l’eau et le sommet du Parinacota. C’est littéralement « cuits » que nous rentrerons au bled pour une dernière soirée les 4.

Repos bien mérité, sauf pour Floriane et Elodie (les profiteuses) !

On a l’idée de prendre des bières pour le souper… Nous allons donc dormir rapidement ! Comme les filles sont pleines d’énergie, l’idée de quitter le parc Sajama à 3h du matin en bus ne les effraient pas ! Nous les quittons pour de bon (en espérant les revoir en Suisse ou en France pour de nouvelles aventures) et sommes contents d’avoir croisé leur chemin à nouveau ! C’est au Chili que se déroule notre :

 

PROCHAINE ETAPE : San Pedro de Atacama et l’éclipse de lune !