25-28 novembre

Arrivée à l’aéroport de Varanasi dans l’après-midi, nous cherchons un moyen économique de parcourir les 30 kms qui nous séparent du centre-ville. On check rapidement les taxis prépayés mais c’est trop cher. On sort de l’aéroport et on se dirige vers un tas de pierre et de déchets qui ressemble pas du tout à un arrêt de bus mais qui est signalé comme tel. Nous sommes seuls à attendre mais nous ne doutons pas à son arrivée malgré l’insistance des chauffeurs de taxi qui essaient tant bien que mal de nous donner de fausses indications (pas de bus le dimanche, mauvais arrêt, prochain bus dans 4 heures, difficile de rejoindre le centre depuis la destination finale du bus, etc…). Trop de versions différentes pour croire à leur crédibilité. Au bout d’une heure le bus arrive, il est tout pourri mais on économisera une chiée (10 francs, hahaha). Au bout du compte, on rejoint notre hôtel après un second long trajet en tuk-tuk depuis la gare du bus qu’on marchande comme des requins. Varanasi semble, de nuit, bien plus sale et pauvre que nos premières destinations.

Notre auberge est une aubaine, il y a très peu de bruit de la rue, avec de belles décorations murales et nous sommes à deux pas d’un ghat (escaliers qui permettent aux pèlerins de rejoindre la rivière pour s’y purifier)  important au sud de la ville. On sort manger dans un boui-boui tout proche. On profite de la fin de soirée pour faire plusieurs skype.

Nous réjouissant d’aller découvrir cette ville qu’on attendait depuis longtemps, à propos de laquelle nous avons entendu toute sorte d’histoires abracadabrantes, on se réveille tôt et partons à pied. Notre objectif est de longer les ghats sur toute leur longueur jusqu’au dernier, le plus grand ghat de crémation. Cette ville fascinante est la ville de tous les extrêmes où tout s’entremêle et s’entrechoque avec comme objectif, le Gange. Cette rivière sacrée attire des milliers de pèlerins venus se laver de leurs pêchés ou assister à la crémation de leurs proches. Selon les croyances hindouistes, mourir à Varanasi permet de stopper les cycles de réincarnation. C’est donc très important et on le sentira 3 jours durant. C’est difficile à expliquer mais cette ville transmet vraiment quelque chose de particulier et questionne beaucoup. Nous y voyons beaucoup d’occidentaux qui semblent avoir trouvé, ou peut-être cherché des réponses au bord des rives du Gange. C’est également ici que les habitants viennent laver leur linge, discuter, prier, méditer, faire du yoga, baigner leur buffle ou même se brosser les dents. Difficile à comprendre, vu la fameuse pollution de l’eau.

Durant notre marche matinale et ainsi que les jours suivants, nous avons donc l’occasion d’assister à toutes ces scènes de vie. Les enfants jouent au cerf-volant, se balancent sur les câbles électriques, tirent la queue des vaches et partent en courant. Les sâdhus (saint homme qui essaie d’atteindre l’Eveil) récitent des prières en fumant des substances leur permettant d’atteindre un état second. L’un d’eux nourrit un singe qui est dressé pour l’embrasser sur la bouche après chaque morce (!). Récipients contenant des fleurs et des bougies flottant sur le Gange, homme chantant à tue-tête, prêtres bénissant des pèlerins, détritus jonchant le sol, batailles de chiens errants, lessive frappée énergiquement sur de longues pierres, draps séchant à même le sol, et fidèles méditant dans l’immobilité totale côtoient les ghats de crémation. Cette partie là des ghats peut choquer car elle expose la mort à la vue de tous, sans pudeur ni retenue. Dans les ruelles de la vieille ville, les familles suivent en chantant le défunt porté sur un brancard de bambous et emballé dans un linceul recouvert de fleurs. Nous devons nous écarter pour laisser passer plusieurs convois funèbres. Sur les rives, le corps est plongé dans l’eau sacrée avant d’être placé sur un bûcher. D’énormes tas de bûches entourent les ghats de crémation et la famille, en fonction de ses moyens, achète le bois nécessaire dans diverses qualités. Le bois est pesé sur de vieilles balances colorées. Un homme est responsable de maintenir le feu et de déplacer les bûches au cours de la crémation. Nous observons un long moment, dans un endroit discret, le rituel. Impressionnant et saisissant, nous vous passons les détails (photos bien entendu interdites).

A l’extérieur des ghats, c’est un labyrinthe d’étroites ruelles empruntées par des deux roues, des vaches et une fourmilière d’humains. Nous y trouvons un restaurant « coup de cœur » dans lequel nous reviendrons deux fois tellement les curries végétariens sont excellents ainsi qu’un minuscule bar à lassi très réputé pour cette boisson à base de yoghurt et de fruits : un régal !

Nous assistons également à des cérémonies de vénération du fleuve le matin et le soir avec prières appelées « Ganga aarti ». Des prêtres utilisent dans une chorégraphie de l’encens, du feu, de l’eau, des fleurs dans un tintamarre de clochettes.

Un matin, à l’aube, nous embarquons sur un bateau à rames pour une petite croisière. Les ghats sont animés à cette heure là (6 heures du matin) et nous observons les ablutions des fidèles sur la rive. Très belles images avec la brume qui plonge les ghats dans une lumière très étrange et mystique. Le soleil se lève ensuite et forme une boule orange qui donne des couleurs plus vives aux scènes de vie. Pas de corps flottant dans l’eau, ouf ! Nous trouvons un granola sans gluten que l’on classera comme meilleur petit-déjeuner du voyage pour le moment 😊 La gérante (une américaine un peu perchée), après qu’on ait payé, nous prend des ses bras pour nous saluer…incongru !

Nous sentons le regard des gens plus insistant ici envers Elodie. C’est plus flagrant que dans le Rajasthan. Elle n’aime pas trop ça.

Contrastant avec l’ambiance matinale, nous passons une bonne partie de l’après-midi sur le toit-terrasse de l’auberge à potasser les conditions d’assurance du van que nous aurons en Australie…bien plus terre-à-terre et « pénible » ! De temps à autre, nous regardons le concours de cerf-volant auquel se livrent les jeunes sur les toits des immeubles alentours à la mode « les cerfs-volants de Kaboul ». On a aussi testé le cyclo-pousse ou tu t’assieds tel un pacha sur un siège rembourré et un homme pédale pour t’amener ou tu veux…moins polluant qu’un tuk-tuk, moins rapide mais bien plus rigolo. On a même caressé les vaches au passage !

On a beaucoup aimé Varanasi, elle ne nous laisse pas un mauvais sentiment après avoir vu des corps sans vie ainsi mais plutôt de l’étonnement (et de nombreuses questions) face à cette cohabition de la vie et de la mort qui rend la ville si particulière. Nous avons été surpris de voir comme un même lieu peut prendre des ambiances diamétralement différentes en fonction des moments de la journée et comme il est possible de changer d’ambiance en parcourant quelques mètres à pied. Nous sommes toutefois relativement contents de visiter cette ville à la fin de notre périple car nous réalisons que ce premier mois nous a déjà habitués à beaucoup de particularités indiennes qui nous semblaient étranges à notre arrivée…

 

29-30 novembre  – retour à Delhi

Retour à Delhi en train de nuit (3H de retard à l’arrivée…). Il nous reste un jour avant notre départ pour l’Australie. Nous visitons le musée national de Gandhi. Nous trouvons le musée un peu vétuste pour être le musée national en l’honneur du père de la nation. Toutefois nous apprenons beaucoup sur sa vie consacrée à la défense des droits civiques par une approche prônant la non-violence. Ses actions en faveur des pauvres et contre la discrimination des castes entre autres restent dans la mémoire collective comme un exemple. Nous avons même appris qu’il est venu à Villeneuve en 1931 pour rendre visite à un écrivain de la région…Puis nous visitons ensuite le quartier branché de Khan Market où nous dégustons de délicieuses pâtisseries au choc 😊

 

Nous terminons cet article par un petit bilan sur nos découvertes du nord de l’Inde :

Pour apprécier les multiples facettes de l’Inde, il semble nécessaire d’acquérir une grande flexibilité et une capacité d’adaptation car tout va à 1000 à l’heure ici…C’est un pays qui questionne et qui détonne complètement avec le mode de vie occidental. Tout est intense. Klaxons, poussière, bruit, pollution…Saveurs, couleurs, sourires et accueil…ces éléments semblent indissociables et liés à une culture encrée dans les traditions. Nous avons constaté que la famille occupe une place centrale dans le quotidien mais que les femmes sont malheureusement mises à l’écart dans beaucoup de domaines. La religion rythme la vie des indiens et rapproche les différents niveaux sociaux, lesquels sont encore bien délimités par le système des castes. Les scènes de vie étaient d’une incroyable authenticité et souvent la contemplation constituait notre activité favorite. Ce pays fait également l’éloge de la lenteur (dans le bon sens du terme) et contrastait fortement avec le précédent (Chine). Nous faisons également l’éloge de la nourriture indienne : divinement bonne, difficilement égalable !

On a souvent entendu dire avant de venir ici « soit tu adores, soit tu détestes ». Nous avons ADORE !

 

PROCHAINE ETAPE : Melbourne et la Great Ocean Road.