29-6 juin 2019

Ce matin, prête à partir marcher durant 8 jours en haute altitude, Elodie passe un entretien d’embauche en vidéoconférence ! Expérience insolite d’être habillée en pantalon de trek et t-shirt merino, sans maquillage et dans une chambre d’auberge quelconque pour un moment si important.

Le premier jour, nous rejoignons notre groupe et partons en minibus sur des sentiers de pierres pour 5 heures de route. Durant le trajet, nous avons déjà l’occasion de faire connaissance avec les autres participants : Fanny et Not (un couple de vaudois), Floriane et Aude (des amies d’enfance de Bretagne), Derek (un américain vivant au Pérou). Oscar, notre guide est accompagné par son frère Théo qui sera notre cuisinier. Une fois arrivés au début du trekking, deux muletiers se joignent à nous avec leurs 9 ânes et 3 chevaux.

Notre agence, Alpa-K (http://www.alpa-k.org/), prend garde à offrir un service de qualité et s’engage à travailler de façon responsable. Par exemple, le personnel est payé a un salaire décent, les déchets sont ramenés à Huaraz, les ânes ne portent pas plus que le poids maximal toléré, le staff mange la même nourriture que nous, etc… Nous avons compris que ce n’était évidemment pas le cas de toutes les agences de Huaraz ! Nous recommanderions les yeux fermés cette agence après cette expérience.

L’itinéraire du trekking offre des paysages époustouflants autour de la cordillère Huayhuash formée par des sommets culminant à plus de 6’000m. Il est connu pour être l’un des plus beau du monde alors notre excitation est à son comble lorsque nous arrivons au camping de Quartelhuain (4’170m). Nous rendons compte de la quantité de matériel qu’il est nécessaire d’emporter pour nourrir et loger tout ce beau monde durant 9 jours lorsqu’on aide à décharger le van. De nombreuses caisses, des sacs, du gaz, des tentes (chaque couple a une tente 3 places pour plus de confort), la tente de cuisine,… Nous avons essayé de prendre le moins d’affaires possible pour respecter la charge maximale que les ânes peuvent porter.

Nous profitons de dernières lueurs de soleil avant de se réunir dans la tente cuisine qui fait office de salle commune, chauffée par le brûleur à gaz de notre cuisto Théo. Dès le premier soir, il nous mijote un succulent repas et impressionne d’emblée toute l’équipe par ses talents culinaires. La nuit est fraiche et nous ne dormons pas très bien. On se demande comment seront les prochaines nuits étant donné qu’on va monter de plus en plus. Derek, lui, n’a pas supporté l’altitude et a eu des apnées durant la nuit. Il décide de redescendre et on est triste pour lui. La température à 6h30 avoisine les 0 degrés (il y a du givre sur la tente) et nous essayons de faire preuve de rapidité et d’organisation pour se préparer et sortir nos affaires de la tente…on s’améliorera de jours en jours ! On se regroupe tous dans la tente cuisine, déjà tempérée, pour prendre le petit-déjeuner. Celui-ci est tous les jours différent et nous donne des forces pour entamer la marche 30 minutes plus tard.

Premier jour de marche, premier col, ça monte ça monte ça monte jusqu’au col à 4’690m. Première photo de groupe.

Enfin le soleil arrive et nos pieds se réchauffent. La vue sur l’autre côté de la vallée est une belle récompense avant d’entamer la descente en direction de la lagune Mitucocha. Nous apercevons pour la première fois, les sommets enneigés du Ninashanca (5’607m), du Rondoy (5’870m) et du Mituraju (5’750m) qui surplombent la lagune. La végétation est très verte et l’endroit est idéal pour le pic-nic. Nous longeons ensuite la rivière Janca jusqu’au camping du même nom à 4’250m.

Le panorama depuis le camping est exceptionnel et Oscar nous averti déjà que les campings des jours suivants seront encore plus panoramiques. Lorsque le soleil se couche, le froid mord et heureusement, dans la tente de cuisine, nous sommes bien épargnés. C’est seulement au moment d’aller se coucher qu’on réalise que la nuit sera longue. Les pieds gelés mettent du temps à se réchauffer (voir jamais…hahaha).

Le deuxième jour de marche, nous montons jusqu’au col de Punta Jirishanca (4’750m) qui offre une belle vue sur la lagune Alcaycocha. Tout au long de la ballade, nous avons la cordillère sur la droite avec l’imposant Jirishanca (6’094m) que l’on contourne. Nous arrivons en tout début d’après-midi sur les hauteurs de la lagune Carhuacocha et rejoignons le camping en contrebas. Oscar ne nous avait pas menti, il s’agit, à notre avis du camping le plus spectaculaire. Le lac génère un effet miroir où les sommets se reflètent. Nous voyons pour la première fois le Yerupaja Chico (6’089m), Yerupaja Grande (6’617m) et le Siula Grande (6’344m). Nous avons tout l’après-midi pour profiter de la vue et se baigner dans l’eau glaciale du lac. Cette fois, nous dormons bien et nous avons chaud au pied.

Le troisième jour est le plus spectaculaire car nous longeons de très près les sommets et plusieurs lagunes d’un bleu turquoise éclatant. La montée est progressive et nous passons à côté du camp de base d’Amédée, Emile et Jérôme. Leur cuisto nous indique qu’ils sont partis pour gravir le Siula Grande et toute la journée nous avons les yeux rivés sur la face pour tenter de les apercevoir, sans succès. Nous nous rendons compte de la difficulté de leur ascension et du froid qu’il doit faire là-haut…On se réjouit d’avoir des nouvelles ! Nous atteignons un mirador au dessus des 3 lagunes alignées (Gangrajanca, Siulacocha et Quesillacocha), avant d’attaquer la dernière montée raide et caillouteuse jusqu’au col à 4’830m.

A chaque passage de col, nous avons la récompense d’une vue panoramique sur la vallée suivante. Celle-ci est verte, marécageuse et surplombée d’une crête aux reflets ocres, jaunes et bruns. Aujourd’hui, Théo nous accompagne car il a emporté le dîner avec lui et nous mangeons assis en face du paysage une délicieuse salade poulet, carottes, avocats. Comme d’habitude c’est un délice et nos jambes nous portent jusqu’au camping de Huayhuash en contrebas (4’350m). Peu de soleil à ce camping, il fait rapidement froid. Comme tous les soirs, l’ambiance est détendue et on s’entend vraiment bien avec nos coéquipiers de trek. On se raconte plein d’histoires rigolotes sur nos aventures, nos vies et ces moments de partage sont enrichissants. Ah oui, on fait que de parler de nourriture aussi et Fanny et Not nous font saliver à l’évocation des nombreuses spécialités suisses ou vaudoises (on rêve d’un papet).

Le soir, le guide cherche dans une grande trousse à pharmacie des médicaments. Elodie demande si elle peut l’aider et il demande des comprimés pour les coliques… Rapidement, elle comprend que ce n’est pas pour un membre de l’équipe mais pour un âne ! Il est vraiment mal et si les comprimés ne fonctionnent pas, il va probablement mourir ! Aucune idée des doses pour un âne… On se couche à nouveau dans un froid glacial et on regrette, comme tous les soirs, d’avoir bu trop de thé avant de se coucher. Pour sortir la nuit c’est toute une expédition avec ce froid.

Le quatrième jour, nous longeons le fond de la vallée puis, une montée assez raide nous donne chaud très rapidement. Une bonne dérupe continue de nous faire monter. Dès le matin, c’est un peu rude mais on arrive au col du Trapecio (Trapecio Punto) à 5’010m en contrebas du Nevado Trapecio (5’653m). Au sommet, il y a un vent à décorner les bœufs !

On ne s’y attarde pas trop surtout que le paysage de la vallée suivante est attirant. De petites lagunes dans toutes les teintes de verts et bleues sont alignées le long du chemin. La descente est longue, interminable…puis on arrive à notre campement du soir à 4’492m…on profite de faire une petite lessive dans la rivière ainsi que des dernières lueurs du soleil avant le rituel thé / souper / dodo à 20h.

Nous attaquons directement le jour 5 par une pente raide et encore ombragée où il fait une fricasse. Nous apercevons des vigognes sauvages (sorte de camélidé, dont la laine est la plus chère du monde).

Le col San Antonio (5’020m) se mérite mais la vue sur les sommets du Yerupaja, Siula Grande et Sarapo est à nouveau une belle récompense. La descente est longue et encore plus raide que la montée…on peut rutscher en bas tout en s’arrêtant pour observer le superbe panorama. Comme nous descendons beaucoup, nous arrivons à la hauteur d’une végétation dense et parsemée de lupins. Cela apporte de la gaieté au paysage. Puis le reste de la journée consiste à suivre la rivière qui descend lentement dans la vallée. Une pause sandwichs-salami-fromage nous redonne l’énergie nécessaire pour rejoindre le village de Huayllapa (3’550m), notre halte pour la nuit. Nous dormons dans un jardin privé où traînent des moutons et Théo nous a préparé des pop-corn. Il s’agit du seul village de plus de 10 habitants que l’on traverse durant ce trek. On profite de visiter Huayllapa et nous sommes frappés par le nombre important d’enfants dans les rues.

Il semble qu’il n’y ait que des vieux et des enfants dans cet endroit si isolé. Le village est fait de maisons en torchis, sans fenêtres et de ruelles étroites en terre. Il existe des toilettes collectives construites sur la rivière pour que celle-ci emmène les déchets à son passage. A cette altitude, la nuit est moins froide que les précédentes et nous dormons à poings fermés.

Tout le dénivelé négatif fait hier se transforme en dénivelé positif aujourd’hui. C’est donc peu enthousiastes que les filles du groupe entament les 1’250m de dénivelé +. La vallée est interminable et la pente varie avec certains endroits bien abruptes et d’autres plus plats et réguliers. La pause chocolat fait du bien et nous continuons de monter jusqu’au col de Tapush Punta (4’750m) après 5h de grimpette. Comme d’habitude, les mules et les ânes nous dépassent. Comme il ne reste qu’une heure de descente, nous décidons de manger le repas au camping et nous dépêchons d’emprunter le chemin jusqu’à celui-ci. En route, la beauté de quelques lagunes nous forcent à nous arrêter quelques instants pour prendre des photos des reliefs orangés.

Nous restons ensuite tranquilles tout l’après-midi au camping et profitons de lire. Le soleil se couche plus tôt que les autres jours dans le fond de cette vallée. Après le repas, au moment d’aller se coucher à 20h, nous prenons notre courage à deux mains et restons quelques instants dehors pour pendre des photos des étoiles et la voie-lactée, très visible à cette altitude.

On se lève difficilement le matin suivant car le froid est glacial. Nous rangeons rapidement notre tente pour rejoindre celle du petit-déjeuner. On avale un œuf et on part dans le froid tenace. La montée jusqu’au col nous prend 2 heures dans une alternance de soleil et ombre. On arrive au sommet et le panorama sur le Ninashanca, le Rondoy, le Mituraju, le Jirishanca et le Yerupaja est spectaculaire. Il se prolonge par la traversée d’une crête d’où l’on peut apercevoir le campement du soir en contrebas. Le camping est installé au bord d’une lagune et c’est en courant que Fréd, Floriane et Aude le rejoigne. La dernière partie de la descente est un sentier qui sillonne entre les fleurs jaunes et les fleurs violettes des lupins. C’est un moment magnifique avec les montagnes et les lagunes en face de nous. A nouveau, nous mangeons au campement puis Fréd décide de tester ses poumons en partant courir à 4’100m durant une petite heure. Elodie profite de lire au soleil le livre de Mike Horn tout en levant les yeux sur ce panorama incroyable. On se retrouve tous pour le thé et on échange une dernière soirée autour de la cuisinière de Théo. On laisse nos habits s’imprégner une dernière fois de l’odeur tenace d’ail avant d’aller se coucher.

Dernier jour du trek. De nouveau une longue montée d’environ 2h durant laquelle nous atteignons les 100 kms (110 au total). On fait quelques dernières photos du massif de Huayhuash avant de passer le col et de redescendre sur Pocba, notre ultime halte. Là, nous attend un bus pour rentrer sur Huaraz. On quitte les muletiers et le calme des montagnes pour retrouver l’effervescence de Huaraz. Heureusement, nous trouvons le moyen de prendre une douche après ces 9 jours et c’est tout pimpant que nous rejoignons nos coéquipiers pour une dernière soirée autour d’un bon repas. Pour nous, le bon lit attendra car nous enchaînons avec un bus de nuit en direction de notre

 

NOTRE PROCHAINE ETAPE : Cusco et la vallée sacrée avec les parents d’Elodie