26 – 30 avril 2019

Pour commencer, il est sûrement intéressant, pour vous aussi, de faire un petit point d’histoire sur la chronologie des événements s’étant déroulés ici ces 70 dernières années qui ont transformés Medellin en la ville la plus dangereuse du monde. Que de volonté et que de chemin parcouru pour devenir aujourd’hui, et on peut le confirmer, une ville très sûre. Le musée de la mémoire que l’on a visité le premier jour et les tours organisés auxquels nous avons participé nous ont donnés un bon aperçu de l’histoire complexe de cette ville.

Medellin est enclavée dans une grande vallée avec des collines la surplombant. L’explosion industrielle de la ville (textile) ainsi que les violences dans les campagnes a poussé des familles à venir s’installer dans les collines des quartiers marginaux dans les années 60-70. C’est au début des années 60 que la guérilla FARC (forces armées révolutionnaires de Colombie) a fait son apparition en Colombie et ils se sont très vite emparés de nombreux quartiers de Medellin dont le fameux district n° 13 (Comuna 13). Leur objectif était initialement de contrer le pouvoir policier et politique en vigueur et ainsi faire régner leurs propres règles. Ils réquisitionnaient de force les jeunes des quartiers et ont instauré un régime de terreur durant leur forte expansion. D’autres groupes armés illégaux ont également fait leur apparition durant ces années avec des intérêts divergents (ELN, M-19, etc…). La guerre était ouverte. Comme vous le savez, arriva ensuite le business de la poudre blanche, florissant et on ne peut plus lucratif. Les feuilles de coca étaient acheminées tout d’abord du Pérou et de la Bolivie principalement jusque dans la jungle au sud de la Colombie puis la cocaïne en était extraite pour ensuite être exportée aux Etats-Unis puis en Europe. Les cartels ont fait leur apparition et cela a ajouté un acteur majeur dans la complexité du système et vous l’avez sûrement déjà compris, les cartels et les groupes armés illégaux étaient souvent de mèche. Le plus connu, le cartel de Medellin (Pablo Escobar à sa tête) a régné en maître jusque dans les années 90 avant qu’Escobar ne soit abattu par des troupes spéciales et de mèche avec les Etats-Unis. Quiconque se mettait au travers de son chemin voyait son espérance de vie chuter. A leur actif, entre autres : attentats, séquestrations, assassinats, trafic de drogue, blanchiment d’argent, manipulation politique et corruption, etc… Toutefois, le cartel venait également en aide aux populations défavorisées des bidonvilles de Medellin et y construisait des maisons pour les pauvres. L’avis des locaux est semble-t-il partagé pour différentes raisons et tous ne considèrent pas Escobar comme un truand. Un autre acteur de cette complexité: les paramilitaires. Ce sont des forces spéciales créées par l’armée, les riches propriétaires ou les cartels de drogue. Leurs motivations sont diverses au sein du conflit et cette force auxiliaire de l’armée colombienne était utilisée pour semer la terreur. Ils sont responsables des années les plus sombres du conflit armé colombien (années 90 – début 2000). Bref, un passé triste, une violence inouïe, dans cette ville alors plaque tournante de tout ce business et théâtre de nombreux affrontements entre bandes rivales au plus grand malheur des civils.

Comuna 13

Aujourd’hui, c’est un autre visage que nous découvrons à Medellin. L’espoir, la force de la communauté, la volonté d’aller de l’avant, la facilité de s’émouvoir pour de petites choses que la vie nous offre, les sourires et l’accueil des locaux et la fierté de faire partir du changement. Nous avons été particulièrement impressionnés par les nombreuses initiatives pour donner une seconde vie à des lieux autrefois craints, évités et emprunts des pires souvenirs de violence. Le peuple cherche à se reconstruire, à montrer un élan de solidarité, de créativité et d’optimisme. Pour réaliser ce virage, le gouvernement a premièrement investi dans l’éducation, particulièrement dans les quartiers défavorisés et dans le réseau de transports publics. Le métro et les nombreuses télécabines qui permettent de relier les quartiers défavorisés (en hauteur) au centre ville sont une fierté des habitants. L’autre plan d’action du gouvernement a été de changer l’architecture de zones autrefois stigmatisées pour la violence et l’insécurité qui y régnait par des bâtiments publiques emblématiques ; bibliothèque, centre d’accueil, jardins et bâtiments culturels. Magnifique exemple de réussite pour une ville où l’insécurité était si importante. Nous nous sommes sentis en sécurité et avons trouvé la ville propre, lumineuse et portée par un élan optimiste !

Symbole de la reconstruction de la ville malgré la violence (sculpture de gauche, attentat à la bombe)

Jardin botanique

Nous avons particulièrement aimé visiter la Comuna 13, ce quartier défavorisé des hauteurs chargé d’histoire. Nous avons réalisé la visite avec un guide car même si la situation est sûre, cela reste conseillé. Cet homme fait partie de l’association nommée « Casa Kolacho » qui a pour vocation de promouvoir et d’enseigner la culture Hip Hop aux jeunes du quartier. Le tour nous apprend la dure réalité de ce qu’a vécu le quartier ces 30 dernières années (liquidation sociale systématique dont la très tristement connue Opération Orion de 2002, meurtres, attentats, narcotrafics, disparitions, et violence). Rapidement, nous discutons des changements qui ont amenés les habitants du quartier à penser collectivement aux actions permettant de renforcer l’espoir en l’avenir pour les jeunes. Instaurant la créativité, les graffitis et la danse au centre des actions, la communauté à réussi à rendre espoir et changer la perception des habitants tout en améliorant la sécurité. Le street art présent ici est très revendicateur.

Collectif de danse

Street art

On a l’habitude de vous raconter dans le détail l’occupation de nos journées mais pour Medellin, on vous laisse juste quelques conseils de visite si vous comptez y venir un jour (fortement conseillé) :

  • Guatapé et la Piedra del Peñol : très joli, très touristique, magnifique vue depuis le sommet de la Piedra, ville très colorée à 2h de route de Medellin. Petite anecdote : Fréd s’est acheté un nouveau t-shirt blanc à Medellin et le premier jour que je le mets, je reçois une énorme tâche de peinture noire sur l’épaule par un peintre aguillé en haut de la tour du Peñol. Quel chef !

Piedra del Peñol

Guatapé – 3ème âge regardant les gens passerGuatapé

  • Real city tour (dont une jolie anecdote, voir ci-dessous)
  • Télécabine jusqu’au parc Arvi (dont une moins jolie anecdote, voir ci-dessous)
  • Pleins de restaurants, de bars et de cafés très chouettes dans le quartier Poblado où nous logions

La première petite anecdote est sacrément étonnante et inattendue. Au moment de rejoindre le rendez-vous pour participer au city walking tour notre dernier jour sur place, Frédéric tombe nez-à-nez avec une ancienne pote de bachelor, Sara, en vacances en Colombie. Comme le hasard fait bien les choses 😊 directement on reprend l’accent vaudois et on profite de chaque minute où le guide ne parle pas pour se raconter des trucs. Matinée géniale !

La seconde anecdote fait un peu plus froid dans le dos. Au moment de vouloir emprunter un chemin dans la forêt du Parc Arvi sur les hauteurs de Medellin, nous sommes arrêtés par une famille qui nous conseille de ne pas continuer sur ce chemin. En effet, un homme y attend les touristes, arme à la main ! Euuuhhh, tout à fait normal ! Ils sont assis là et ils rigolent tandis qu’un policier va voir ce qu’il se passe…On ne s’attarde donc pas trop dans ce parc et nous redescendons en ville.

Notre auberge

PROCHAINE ETAPE : Jardin