2 – 7 mars 2019

Tout d’abord un peu d’histoire avant de commencer notre récit…

1ère particularité, ce parc a été acheté dans les années 80 par un milliardaire américain, Douglas Tompkins, fondateur de la marque North Face. C’était la plus grande réserve naturelle privée au monde (402’392 ha) mais il appartient maintenant au gouvernement chilien après le décès de Doug, dans un accident de kayak. Moche! Porte d’entrée de la Patagonie et début de la Carretera Austral, ce parc rassemble des arbres millénaires (3’000 ans) et une végétation unique au monde avec des espèces endémiques préservée par sa création. C’est en effet l’un des rares endroits où la forêt primaire rejoint l’océan sur des milliers de kilomètres. 

2ème particularité, l’endroit est assez difficile d’accès et demande pas mal de logistique pour y rester en autonomie quelques jours.

3ème particularité, il pleut ici de mars à novembre quasiment de manière discontinue…dommage, nous sommes en mars (affaire à suivre) 🙂
Pour toutes ces raisons, même si on se serait passé de la 3ème, il s’agissait pour nous d’un immanquable dans cette région.
Après 10h de trajet en bus, entrecoupé de 3 traversées en ferry, nous arrivons à Caleta Gonzalo, porte d’entrée nord du parc et minuscule hameau. Le décor face à nous nous ferait presque penser à Jurassic Parc !

On va monter notre tente dans le premier camping et on se rend tout de suite compte qu’ils ont mis le paquet dans l’aménagement et la conservation du parc. Les infrastructures sont vraiment parfaitement bien entretenues et tout est propre. Il ne pleut pas encore donc on profite pour aller voir le café du coin, ultra design. On y reviendra dans quelques jours…

On se fait à manger sous les couverts aménagés et on teste notre tente en condition réelle durant la nuit car la pluie fait son apparition. Ouf, elle tient bien l’eau et le nouveau sac de couchage d’Elodie lui offre les quelques degrés supplémentaires nécessaires pour la Patagonie! On repousse un peu le réveil…on deviendrait presque flemmards les matins en camping. On commence la journée par un p’tit dej de compét en attendant que la pluie cesse. On enfile nos ponchos, pour la première fois durant ce voyage, et nous partons pour une marche de 3 heures à travers la forêt pluviale. Le sentier est détrempé mais la dense forêt autour de nous est enchanteresse. Humus, fougères, ruisseaux, cascades, oiseaux et innombrables tons de vert.

Retour de la marche en milieu d’après-midi pour essayer de faire du stop à l’arrivée du ferry. Les voitures sortent à toute allure sans s’arrêter et nous prendrons donc le bus local pour atteindre notre deuxième camping, un peu plus loin sur la route. On s’enfonce dans la vallée et la brume guette.

On monte notre tente astucieusement sous un couvert qui nous permettra d’être au sec cette nuit! Yeah! Arrive un mec détrempé en vélo qu’on considère comme un héro avec ce temps. Il se pose sous le couvert d’à côté et on l’invite à prendre l’apéro…salami, fromage, avocat, cœurs de palmiers…chic l’invitation 😉 On passe un bon moment à discuter de nos voyages. Il descend en vélo de la Colombie à Ushuaia. On constate que c’est le frère d’une copine ostéo de Jeanne ; le monde est petit !

Il a plu toute la nuit et on était bien contents d’être sous notre petit abri. On s’équipe à nouveau de nos ponchos, kway, pantalons de pluie et nous partons faire la randonnée des cascades. Un superbe sentier aménagé avec des escaliers en bois nous emmène à la découverte de magnifiques cascades. Nous rencontrons deux filles tchèques sur le sentier et elles ont des ponchos de pro ! On discute un peu et elles nous proposent de nous emmener en voiture avec elles plus au sud. Trop sympa. On descend sur la Carretera jusque Chaitén, ville qui pourrait être dans un classement des plus glauques du monde ou plutôt dépressives. L’éruption du volcan Chaitén le 2 mai 2008 en est également la cause.

On se dit qu’une nuit en camping de plus ne nous ferait pas de mal bien qu’Elodie rêverait de ne pas avoir besoin de se lever au milieu de la nuit pour regonfler son matelas. Non plus sérieusement, ça fait 3 jours qu’elle prend l’eau dans ses pompes mais au moins on aura une douche chaude et un abri cuisine, lequel pourrait aussi faire partie d’un classement des cuisines les plus pourries du monde. On est incité à repartir le lendemain mais le bus est complet donc on réserve pour le surlendemain.

Bref, on sort boire un café avec nos potes tchèques, Sonja et Jana. Au retour, on aperçoit enfin le soleil qui nous offrira un spectacle grandiose. On passe la nuit en écoutant la pluie tomber sur notre tente.

Comme il annonce une tempête et une pluviométrie très élevée pour la nuit suivante, on se décide enfin à prendre une chambre en auberge. On déménage notre matos et Sonja et Jana viennent nous chercher pour une nouvelle journée ensemble à la découverte du parc. Nous avons la chance d’avoir quelques heures d’accalmie devant nous pour faire de petites balades dans le parc avant que la pluie ne revienne. 

L’un des sentiers passe proche de plusieurs arbres millénaires: des Alerces. 
Nous sommes impressionnés par la taille de ces géants qui en imposent! Nous ne sommes plus très loin de Caleta Gonzalo donc on pousse quelques kilomètres prendre une boisson chaude, dans le fameux café. On retourne à Chaitén et quittons nos deux copines. L’auberge nous offre une atmosphère douillette au coin du feu et nous apprécions d’être au sec. La nuit on se dit qu’on a bien fait de ne pas dormir sous tente vu la puissance du vent et craignons pour la toiture de la maison. Départ le matin à 6h30 sous des trombes d’eau et des rafales de vent en pleine face pour aller prendre le bus de retour. En arrivant à l’arrêt, on trouve d’autres gens détrempés, rassemblés sous un minuscule abri mais pas de bus. On pense d’abord que le chauffeur ne s’est pas réveillé à cause de la coupure générale de courant mais il finit par arriver. Faux espoir, comme la tempête guette toujours, les ferrys ne peuvent pas naviguer aujourd’hui. Nous resterons donc un jour de plus ici…retour à l’auberge qui prendra des airs d’auberge espagnole durant la journée. On ne sortira presque pas et passerons notre temps à boire des litres de thé, écrire cet article, manger et papoter avec les nombreux voyageurs rassemblés dans le salon au coin du feu.
Finalement après 2 jours à patienter, le bus partira pour Puerto Montt.

 

PROCHAINE ETAPE: la descente en ferry des fjords chiliens jusqu’en Patagonie